LES CALENDRIERS

 

Ces articles, extraits de l'Encyclopédie UNIVERSALIS, sont placés ici pour vous montrer que des textes sont disponibles pour vous aider à "documenter" votre travail de généalogie.
Ayez toujours à coeur de citer vos sources!
Le calendrier Julien
  
 Jusqu'en 1582, on utilisait, dans le monde chrétien, le calendrier julien, institué par Jules César, qui suppose que la durée de l'année tropique (laps de temps qui sépare deux passages du Soleil au point vernal) est exactement de 365,25 jours. Mais sa durée réelle est de 365,242 19 jours, si bien que les événement récurrents que sont les équinoxes et les solstices avançaient d'un jour tous les 128 ans : vers 1500, l'équinoxe de printemps tombait ainsi dix jours plus tôt que dans l'Antiquité, le 11 mars au lieu du 21 mars. De plus, le calcul de la date de Pâques, qui fait intervenir la Lune, était devenu complètement faux. Le concile de Trente chargea donc le pape Grégoire XIII de rétablir la situation. Aidé notamment par les savants Christopher Clavius et Aloisius Lilius, il supprime dix jours dans un premier temps, si bien que le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 sera le vendredi 15 octobre. Puis il décide de supprimer trois années bissextiles en quatre siècles : seules les années séculaires dont le millésime est divisible par 400 resteront bissextiles ; ainsi, 1700, 1800 et 1900 ne furent pas bissextiles, tandis que 2000 le fut. Cette solution est satisfaisante, et le calendrier grégorien, qui ne sera pas immédiatement adopté par tous les pays, est aujourd'hui utilisé universellement, bien que certaines religions conservent un calendrier propre pour des raisons rituelles.
 
 
Le calendrier grégorien           
 
 
    La durée de l'année julienne surpassant celle de l'année tropique d'un peu plus de 11 minutes, le calendrier julien a lentement dérivé de 3 jours en 4 siècles par rapport aux saisons. Au début du XVIe siècle, l'équinoxe de printemps, auquel est liée la date de Pâques, tomba vers le 11 mars, alors que le comput alexandrin, suivi par le concile de Nicée puis par Denys le Petit le fixait au 21 mars. Le concile de Trente chargea alors la papauté de régler le problème. C'est Grégoire XIII, aidé de savants dont Clavius et Lilio, qui réalisa la réforme en 1582. Celle-ci consista dans un premier temps à supprimer 10 jours pour rétablir la coïncidence du début des saisons aux dates assignées : le lendemain du jeudi 4 octobre fut le vendredi 15 octobre. Pour éviter que ne recommence la dérive du calendrier, il fut décidé en plus que l'on supprimerait 3 années bissextiles en 4 siècles : seules les années séculaires dont le millésime est divisible par 400 restent bissextiles. Ainsi 1700, 1800 et 1900 n'ont pas été bissextiles ; mais 2000 le sera. De même, 2100, 2200, 2300 ne seront pas bissextiles, mais 2400 le sera. Par cette règle simple, l'année grégorienne moyenne devient égale à 365,242 5 jours, soit un excès de 3 jours en 10 000 ans sur l'année tropique. Envisager dès aujourd'hui une telle correction est injustifié, d'autant plus qu'à cet effet s'en ajoutent d'autres, qui ne sont pas toujours prévisibles à très long terme. Dans le calendrier grégorien, les dates moyennes de début des saisons sont le 20 mars pour l'équinoxe de printemps, le 21 juin pour le solstice d'été, le 22 ou le 23 septembre pour l'équinoxe d'automne et le 21 décembre pour le solstice d'hiver. En raison de l'écart entre année grégorienne et année tropique, d'une part, et de la variation de la durée des saisons, d'autre part, ces dates sont variables à long terme. Si la réforme grégorienne a été adoptée rapidement par les pays catholiques, il n'en fut pas de même pour les pays protestants et orthodoxes.

 

Réforme du calendrier            

 

 

    Au début du XIXe siècle a commencé une réflexion sur une éventuelle réforme du calendrier grégorien, universellement adopté aujourd'hui, du moins dans les relations internationales. On lui a reproché le perpétuel changement du jour de la semaine pour une date donnée : ce n'est qu'au bout de 28 ans que les jours de la semaine reviennent aux mêmes dates et dans le même ordre, s'il n'y a pas d'année séculaire non bissextile dans l'intervalle. En d'autres termes, le mois, de longueur variable, n'est pas un multiple de la semaine, mais un sous-multiple de l'année. Mais c'est surtout la position des fêtes religieuses dans l'année qui crée des difficultés, qu'elles soient fixes (Noël, Assomption, etc.) ou mobiles (Pâques, la Pentecôte, etc.), d'où des variations dans la durée des trimestres, des répercussions dans l'industrie et le commerce, les congés, les prévisions diverses, etc. Aussi une stabilisation de la date de Pâques est-elle envisagée depuis un certain temps, d'autant plus que le Saint-Siège n'y est pas opposé sous certaines conditions. Différents projets de réforme ont porté directement sur la structure du calendrier ; ce fut le cas en 1834 avec l'abbé Marc Mastrofini, qui proposa que le dernier jour de l'année soit un jour « blanc », afin que les autres jours se regroupent en 52 semaines exactement. En 1849, Auguste Comte conçut un calendrier de 13 mois égaux de 28 jours suivis d'un jour blanc. Enfin, Camille Flammarion, après une vaste campagne contre le calendrier grégorien, se rallia à un calendrier perpétuel de 12 mois à trimestres identiques (calendrier universel). De multiples propositions furent faites ; aussi, dès 1922, la Société des Nations s'intéressa au projet de réforme en créant un comité d'étude. Sa conclusion, connue en 1931, fut de ne pas modifier l'actuel calendrier ; mais une date fut retenue pour la stabilisation de Pâques. Cependant, une réforme du calendrier en profondeur ne manquerait pas de se heurter aux clivages politiques, économiques, philosophiques et religieux ; l'échec du calendrier républicain en est l'exemple, tout comme le temps mis par la Russie pour accepter le calendrier grégorien (1918). À cela s'ajoute le fait que toute rupture de la chronologie compliquerait singulièrement le travail des historiens et des astronomes.
 

Le calendrier républicain                    

 

 

    Ce calendrier trouve son origine dans le mouvement de déchristianisation déclenché par la Révolution française. Il fut institué par décret de la Convention le 24 octobre 1793 ; son principal artisan fut Gilbert Romme, aidé par quelques astronomes. L'année y est composée de 12 mois de 30 jours divisés en 3 décades (qui remplacent la semaine) auxquels on ajoute 5 ou 6 jours complémentaires pour que l'année ait une durée moyenne de 365,25 jours. Les noms des mois, dus au poète Fabre d'Églantine, sont : vendémiaire, brumaire, frimaire pour les trois premiers, qui sont des mois d'automne, nivôse, pluviôse, ventôse pour les mois d'hiver, germinal, floréal, prairial pour les mois de printemps, et messidor, thermidor, fructidor pour les mois d'été. Suivent les jours complémentaires, ou sans-culottides. Dans chaque décade, les jours sont appelés primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi, et, au lieu du nom d'un saint comme dans le calendrier grégorien, il leur est affecté le nom d'un produit agricole, d'une plante ou d'un outil. Le début de l'année est fixé au minuit, compté en temps vrai de l'Observatoire de Paris, qui précède l'instant de l'équinoxe d'automne. L'an I de l'ère républicaine débuta le 22 septembre 1792. Étant donné la définition du début de l'année, il fallait déterminer par le calcul quand commençait l'année suivante pour savoir si elle contenait 365 ou 366 jours (année sextile), ce qui n'arrivait pas tous les 4 ans comme on pouvait le penser. Le calendrier républicain resta en vigueur jusqu'en décembre 1805 ; il fut aboli par Napoléon, qui restaura le calendrier grégorien, le 1er janvier 1806.

 

Le calendrier musulman                      

 

 

    Purement lunaire, le calendrier musulman contient 12 mois qui ont alternativement 30 et 29 jours, sauf le dernier mois, qui peut comporter 29 ou 30 jours. L'année peut donc contenir 354 ou 355 jours : 33 années grégoriennes correspondent à 34 années musulmanes, puisque l'année contient 12 lunaisons plus 10,875 jours. Ces années varient dans un cycle de 30 ans musulmans, qui comporte 10 631 jours : 19 années de 354 jours (années communes) et 11 années de 355 jours (années abondantes), soit une durée moyenne de l'année de 354 j 8 h 48 min. La durée moyenne du mois est de 29 j 12 h 44 min. Les années sont comptées depuis le 16 juillet 622 (1er Mouharram), jour de l'hégire, ou « émigration » de Mahomet de La Mecque pour Médine. Ainsi, 1992 correspond en partie aux années 1412 et 1413 de l'hégire. L'année ayant 10, 11 ou encore 12 jours de moins que l'année grégorienne, le nouvel an musulman survient chaque année en avance de ce même nombre de jours. Le début du mois commence à la nouvelle Lune réellement observée, lorsqu'on voit, au coucher du Soleil, un mince croissant à l'horizon, ce qui peut entraîner un certain décalage avec le calendrier théorique.

 

Le calendrier hébraïque                      

 

 

    Le calendrier hébraïque remonte pour sa forme actuelle au IVe siècle après J.-C. Luni-solaire, il assure une valeur moyenne du mois voisine de la lunaison et une durée moyenne de l'année voisine de l'année tropique. L'année se compose de 12 ou 13 mois lunaires comprenant 29 ou 30 jours ; l'année de 12 mois est dite commune, et celle de 13 mois embolismique. De plus, chaque année varie de trois façons : l'année commune peut contenir 353 jours (défective), 354 jours (régulière) ou 355 jours (abondante) ; l'année embolismique offre les mêmes variations : 383 jours (défective), 384 jours (régulière) ou 385 jours (abondante). La longueur de la lunaison est de 29 j 12 h 44 min 3 s ; les deux sortes d'années varient dans un cycle de 19 ans (cycle de Méton), qui comprend 235 lunaisons : 12 communes et 7 embolismiques. Les années sont comptées depuis l'époque admise de la création du monde, soit en 3762 avant J.-C. ; ainsi 1992 correspond en partie aux années 5752 et 5753. Le nouvel an (1er Tisseri) tombe toujours en septembre ou en octobre grégorien au moment du coucher du Soleil, instant du commencement du jour.

 

            Denis SAVOIE           

 

© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés

 

 

Premier jour de l’AN

 

    Chez les peuples usant d'un calendrier solaire, le début de l'année a toujours été fixé par pure convention. Ainsi, l'année romaine commençait avec le mois de mars (les noms de nos quatre derniers mois de l'année, tout comme leurs abréviations anciennes, rappellent clairement qu'ils occupaient, dans ce premier calendrier romain, les positions sept [septem, 7bre], huit [octo, 8bre], neuf [novem, 9bre] et dix [decem, 10bre]). Jules César, sur les conseils de Sosigène d'Alexandrie, avança de trois mois cette date : l'an 709 de Rome (- 45 des chronologistes, - 44 en notation algébrique des astronomes) commença le 1er janvier, et c'est la date initiale de la réforme julienne, que Rome - et avec elle les nations soumises à sa domination - appliqua pendant 345 ans...
 
    Mais, au fil des siècles, l'année n'a pas commencé partout au 1er janvier, et son début a varié au gré des Églises, des époques et des pays. Pour ne citer d'abord que la France, l'année commençait le 1er mars dans nombre de provinces aux VIe-VIIe siècles ; à Noël au temps de Charlemagne (et en certains lieux, tel Soissons, jusqu'au XIIe s.) ; le jour de Pâques sous les Capétiens, ce qui donnait des années de longueur très variable (usage quasi général aux XIIe-XIIIe s., jusqu'au XVIe s. dans certaines provinces) ; toutefois, en quelques régions, l'année commençait à date fixe, le 25 mars, jour de l'Annonciation. C'est ainsi qu'on peut lire, dans la Généalogie des rois de France (1506) de Bouchet : « Charles VIII alla à trépas au chasteau d'Amboise le [samedi] 7 avril 1497 avant Pasques [le 15 avril cette année-là], à compter l'année à la feste de Pasques ainsi qu'on le fait à Paris, et en 1498 à commencer à l'Annonciation de Nostre-Dame ainsi qu'on le fait en Aquitaine. » Ce n'est qu'en 1564 que, par édit de Charles IX, le début de l'année fut obligatoirement fixé en France au 1er janvier ; et les fausses étrennes et « poissons d'avril » sont un lointain souvenir des dates révolues.
 
    La République ayant été proclamée le 22 septembre 1792, date qui se trouvait être le jour équinoxial d'automne, le calendrier républicain fixa le début de l'année « au jour civil où tombe l'équinoxe d'automne au méridien de Paris ».
 
    En Russie, l'an commençait le 1er septembre ; à compter du règne de Pierre le Grand, il commença le 1er janvier. Quant à l'Angleterre, où l'an débutait le 25 mars, elle n'accepta le 1er janvier qu'avec la réforme grégorienne : l'année anglaise 1751 ne comporta que neuf mois et une semaine !
 

                                   

 

 

            Pierre DELIGNY       

 

 

© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés